BUTEMBO : LA FEMME TOUJOURS ABSENTE DES INSTITUTIONS

3 juillet 2020 Par cfj 0

Les postes de prise de décisions sont souvent occupés sur base de nomination. Ce, suite à l’absence de l’organisation des élections locales. Ainsi, les jeux se jouent au niveau des partis politiques. Or, les femmes ne sont nombreuses à diriger et à être membre des formations politique. Cela les exclu de la sphère de prise de décision. Pourtant plusieurs textes notamment la résolution 1325 de l’ONU encourage la participation de la femme à la gestion de la cité. Sans citer la loi sur la parité homme femme en vigueur en RDC.

Depuis son accession au statut de la ville en date du 28 mars 2003, Butembo a déjà eu une seule femme à sa tête. Il s’agit de Madame Alphonsine LUSENGE (2008). Aucune, à la direction des quatre municipalités qui composent la ville. Actuellement, le constat est qu’aucune femme n’occupe de poste de prise de décision à l’hôtel de ville. Constat identique pour les communes et les entreprises du portefeuille de l’Etat. Ni au titulariat moins encore aux postes des adjoints. Cette situation est observée au commandement urbain de la police nationale congolaise PNC ainsi qu’à l’état major des forces armées de la République Démocratique du Congo FARDC. Pour l’hôtel de ville, les trois postes sont occupés par des femmes au grade de chef de bureau urbain. Il s’agit du service du genre famille et enfant ainsi que les affaires sociales et solidarité nationale. Mais aussi, l’environnement Un autre est celui de l’institution d’appui à la démocratie, la commission électorale nationale indépendante CENI. A cela s’ajoute, le tribunal de grande instance de Butembo. Le gros des femmes se retrouvent dans les organisations non gouvernementales feminines.

Pour le vice président de la société civile de Butembo Edgard MATESO, les postes de prise de décision sont devenues un objet de marchandage. Cette situation est occasionnée par le fait que les hommes ont été les premiers à créer les partis politique. Ce qui ne justifie pas pour autant que l’exclusion de la femme soit consacrée. Encore faut-il qu’elles aient les mains libres pour agir et les moyens de leur politique. Est-ce parce qu’elles sont incompétentes ? La réponse à cette préoccupation a été donnée par Madame Rose KAHAMBU TUOMBEANE. Celle-ci est coordonnatrice de la dynamique des femmes pour la bonne gouvernance. Cette structure regroupe un certain nombre d’associations féminines de Butembo issues de la société civile, des institutions publiques, des confessions religieuses et des partis politiques. Elle milite pour l’intégration de la femme, la participation politique, l’engagement citoyen voire la transparence dans la gestion de la Res Publica. Pour elle, les femmes accusent du retard dans l’intérêt pour la politique. Pourtant il me semble que l’accès à un certain nombre des postes à la tête de la ville est politique. Elle ajoute que la plupart des institutions de la troisième république ont leurs racines dans la rébellion. Peu de femmes de Butembo y ont pris part active, si pas aucune. Elle se dit déçue par le fait que les partis politiques ne privilégient pas la femme lorsqu’il faut soumettre des listes pour nomination. Les femmes jouent le rôle de second rang. Pour être précis, elles occupent le poste des danseuses dans les manifestations politiques, parfois de protocole et souvent de réceptionniste mal payé aux permanences des partis politiques.

De son coté Claude SENGENYA journaliste à actualité.cd et analyste politique pense qu’il est temps d’appliquer les différents instruments internationaux et nationaux. C’est afin de promouvoir la femme. Bien sûr que Butembo n’est pas un cas à part. La RDC et ses différents secteurs vitaux sont concernés dit-il. Le conseil de sécurité des nations unies a déjà voté la résolution 1325. Celle-ci consacre la participation politique de la femme. Aussi elle demande aux Etats membres d’associer la femme aux instances de prise de décision en faveur de la paix. Cependant, aussi longtemps que son application sera soumise à la bonne volonté des états, elle ne sera jamais effective. C’est le cas pour la RDC dont d’ailleurs le parlement a déjà voté la loi sur la parité homme-femme. Cette loi consacre 30% de poste à la femme à tous les niveaux. Drôle est de constater que cette parité n’a jamais pris corps depuis l’entrée en vigueur de cette loi. Noëlla NDOOLE militante de la Lucha estime aussi, que le système de nomination devrait laisser place à l’élection à la base. « Ainsi, on pourrait laisser le champ libre à la femme de se faire élire. Surtout que la nomination est souvent victime du clientélisme ». Avec le système de «  qui est derrière toi », quelle est ma part du gâteau ou opération retour », simplement la corruption. En outre, elle croit que les femmes doivent créer leurs propres partis politiques afin de pouvoir peser sur l’échiquier politique national. Les quelques postes politiques tenus jusqu’ici par les femmes doivent cesser de jouer à la figuration. D’après madame Rose KAHAMBU, en cas d’élection, la CENI doit conditionner le dépôt des candidatures par la parution sur les listes de 30% de femmes. Comme la femme présente le pourcentage le plus élevé de la population de RDC, elle doit se constituer en corporation, afin de faire entendre sa voix. Pourquoi ne pas organiser des actions permanentes de revendication pour être prise en compte par les décideurs ? suggère-t-elle !

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