BUTEMBO : Cache-nez abandonnés après usage, un autre risque de contamination !
19 septembre 2020Depuis que la ville de Butembo notifie des cas positifs de covid-19, les autorités locales ont arrêté un certain nombre de mesures de prévention. Le port obligatoire des masques de protection en fait partie. Cependant, cette mesure est à la base d’un autre défi pour la santé publique de la ville. Des masques déjà utilisés sont abandonnés à la portée des enfants. Ils les manipulent avec tous les risques d’y contracter d’autres maladies. Le manque de poubelles publiques et l’inconscience des utilisateurs sont parmi les causes de cette situation.
A Butembo, au Nord-Kivu, des masques de protection, mieux connus localement sous l’appellation « cache-nez » sont abandonnés après utilisation sur plusieurs rues et avenues de la ville de. Nous sommes sur Avenue Rutshuru au Quartier Centre-Commercial où trois tissus multicolores distants d’au moins trois mètres sont abandonnés à même le sol. En forçant l’attention sur ces étoffes, nous remarquons qu’il s’agit bel et bien des masques déjà utilisés. Après quelques minutes, nous apercevons un groupe d’enfants qui jouent au foot sur la même avenue. L’un de ces gamins ramasse un masque et se dirige avec vers ses amis. De passage, une femme, une quarantaine révolue, s’arrête, lui gronde, le lui ravi et le jette à nouveau par terre. Pour cette dame, ce phénomène s’observe dans plusieurs quartiers de la ville. « Ces gens qui jettent les cache-nez dans la rue m’énervent vraiment. Ils les jettent par-ci par-là et les enfants les ramassent, jouent avec ou encore les portent à leur tour. Les gens doivent apprendre à bien les gérer après usage car nos enfants sont maintenant en danger. Les enfants courent le risque d’être infectés par desmaladies… », s’inquiète Cécile KARIPI, habitante de la cellule Malo du Quartier Bwinongo en commune MUSUSA.
Pas de poubelles publiques le long des artères
Quelques marchandes rencontrées ce vendredi au marché de Makasi, l’absence des poubelles publiques le long des voies publiques est à la base de cette situation. « Je ne sais pas où jeter mon cache-nez… », se lamente Noella Kavugho, tenancière d’une cabine de vente des crédits téléphoniques sur Avenue Makasi. Elle appelle les autorités à songer à rendre disponible les poubelles publiques, surtout à cette période pandémique pour éviter la contamination à la covid19. Monsieur Bosco Tali travaillant dans une boutique située près du Cap Kalimbute, sur la grand-route de Butembo, est conscient du danger que présentent les masques abandonnés après utilisation. « On devrait tous comprendre que jeter un déchet dans la rue, c’est d’ailleurs créer de l’insalubrité dans la ville…». En réalité, la ville de Butembo compte trop peu de poubelles publiques pour collecter les déchets, immondices et autres types de saletés. Au centre commercial où près de deux-cents mille habitants passent leurs journées, quelques galeries seulement placent des poubelles devant les portes d’entrée.
Cette attitude salvatrice…
Kewan Musavuli, infirmier et chercheur en médecine traditionnelle travaillant au Centre Hospitalier MUSAVULI donne des orientations sur la bonne gestion des masques déjà utilisés. Ce professionnel de la santé conseille aux porteurs des masques de le bruler carrément ou les jeter dans les toilettes après usages pour éviter d’éventuelles contaminations à la maladie à covid19 ou à d’autres infections contagieuses. « Ces déchets présentent un danger pour la santé publique non-seulement pour les enfants qui peuvent les manipuler aussi pour la population en général », indique ce professionnel de la santé. L’infirmier KEWAN a donné un exemple d’une attitude très dangereuse à décourager absolument. Il révèle avoir vu une mère du Quartier Kitulu, Commune Mususa, enlever son masque et le faire porter à son enfant. Une pratique qu’il décourage pour éviter le transfert des infections. Le mieux selon cet infirmier est de le jeter dans une poubelle ou de le bruler.
Éviter l’insalubrité, une vertu civique
Reagan MUHINDO MUHESI est assistant social et enseignant de sociologie à l’UCG. Pour lui, la population doit prendre conscience et cultiver le sens du civisme en matière de gestion des déchets. Reagan partage son expérience sur la manière dont il gère son masque après usage : « Quand je suis à la maison, je jette mon cache-nez directement dans la toilette et non dans la poubelle puisque j’ai des petits enfants à la maison. A l’école, je le jette dans la poubelle scolaire après usage. Mais si je suis loin de poubelles ou des toilettes, je peut être soit au centre ville ou en route et que je trouve que mon masque est souillé, je le garde jalousement dans mon sac ou dans la poche en attendant d’approcher un endroit favorable. » indique-t-il, d’une voix interpellatrice.
La bonne gestion de masque après usage se révèle selon lui, un comportement noble et civique qui peut épargner la communauté des maladies contagieuses.
Jérémie KYASWEKERA