Huit questions pour comprendre le projet « Communiquons sans relâche pour sauver des vies et faire avancer les droits des femmes » du CFJ
21 novembre 2020Mercredi 18 novembre 2020, juste après les cérémonies de lancement officiel du projet « Communiquons sans relâche pour sauver les vies et faire avancer les droits des femmes », la presse de Butembo a demandé une interview à la Coordonnatrice du Collectif des Femmes Journalistes au sujet du projet. Plusieurs questions ont été présentées au cours de cet entretien auquel ont pris part 23 radios locales de Butembo et deux chaînes de télévision.
Presse: Madame Rose TUOMBEANE, Bonjour ! Vous êtes Directrice du Collectif des Femmes Journalistes. Vous venez de lancer le projet : « Communiquons sans relâche pour sauver les vies et faire avancer les droits des femmes ». Quelle est la compréhension de ce titre de projet ?
Rose TUOMBEANE : Ce projet est financé par le Fond des Femmes pour la Paix et l’Action Humanitaire dans le cadre de son appel pour la « Lutte contre la Covid-19 » et est accompagné techniquement par ONU Femmes. Ce projet a été présenté en période de Covd-19 en réponse à un appel à projet lancé par le Fonds des Femmes pour la Paix et les Actions Humanitaires. Nous avons constaté une augmentation accrue des cas de violences sexuelles, surtout chez les jeunes filles. Nous avons constaté que plusieurs jeunes filles ont été engrossées, d’autres ont même été obligées d’abandonner les études. Il est vrai qu’il y a cette période de pandémie est un facteur, mais il y a toujours eu des vacances scolaires, pourtant, les cas n’augmentent pas autant. C’est ainsi que nous avons pensé qu’il faut communiquer absolument à propos de ce problème social. Nous avons pensé qu’il faut communiquer, certes, mais communiquer autrement. C’est pour cette raison que nous avons intitulé ce projet « Communiquons sans relâche… ».
Presse : Comment allez-vous mettre en œuvre les activités ?
Rose TUOMBEANE : Au cours de ce projet, nous allons organiser des émissions éducatives interactives dans des communautés et avec les communautés, avec nos Clubs d’Ecoute Communautaire. Nous avons toujours communiqué au studio, mais là, c’est une approche sur laquelle nous allons nous concentrer. ONU Femmes, notre partenaire nous a donné des moyens et des outils pour faciliter cette approche d’intervention. Les membres des Clubs d’Ecoute Communautaire auront de bons téléphones pour la collecte des données relatives aux violences sexuelles et aux violences basées sur le genre dans leurs communautés respectives.
Presse : D’après-vous, qu’est-ce qui empêche les victimes des violences sexuelles de communiquer sur leur situation ?
Rose TUOMBEANE : Ce qui est à la base de cette situation, c’est évidemment le manque d’informations. C’est pourquoi nous avons estimé que la communication va résoudre ce problème. On a constaté qu’en période de confinement, plusieurs victimes des violences sexuelles et des violences basées sur le genre sont restées à la maison par manque d’informations et n’ont pas pu être prises en charge dans le temps record. La communication sur les mécanismes de prévention, de dénonciation, de signalement des cas est importante et ce projet financé par ONU Femmes va nous aider à appuyer donc le travail des autres partenaires. Il y a par exemple notre partenaire local FEPSI (Femmes Engagées pour la Promotion de la Santé Intégrale) qui s’occupe de la prise en charge. Ce projet aidera a alors que les victimes sachent où s’orienter pour leur prise en charge. Voilà d’ailleurs pourquoi nous avons invité d’autres organisations à cette cérémonie. C’est pour qu’elles comprennent que nous allons communiquer, sensibiliser et elles vont continuer de prendre en charge et que le fléau soit éradiqué. Les jeunes sont majoritaires dans la composition des Clubs d’Ecoute Communautaire parce que c’est parmi eux qu’il y a des victimes et même des auteurs des violences.
Presse : Pouvez-vous nous parler des statistiques des violences sexuelles dans le milieu ?
Rose TUOMBEANE : Avant la pandémie de Covd-19, notre organisation partenaire FEPSI avec laquelle nous travaillons beaucoup localement, dénombrait autour de 23 ou 25 cas par trimestre. Mais depuis la pandémie, par mois, on est allé jusqu’à enregistrer autour de 30 cas de violences sexuelles par mois.
Presse : Quelle est la cause de cette flambée des cas ?
Rose TUOMBEANE : Nous pensons qu’il faut bien analyser cette problématique et non s’empresser à donner des causes sans fondement. Nous comptons orienter cette question sur les raisons dans un autre éventuel projet. Ça pourra alors donner des bases scientifiques et empiriques sur cette problématique. Il y a aussi nécessité de mener une étude dans ce sens-là. Le CFJ est un regroupement des femmes intellectuelles, on doit se baser sur des éléments scientifiques.
Presse : En tout, quelle est la finalité du projet ?
Rose TUOMBEANE : La finalité du projet, c’est de mobiliser les jeunes filles et les femmes à comprendre c’est quoi les violences sexuelles, c’est quoi les conséquences des grossesses non-désirées. Nous voulons aussi éduquer la communauté à la prévention des violences sexuelles et violences basées sur le genre. Et donc la finalité c’est non seulement la prévention, mais aussi la lutte et l’orientation des victimes pour la prise en charge.
Presse : Quelle la zone couverte par le projet ?
Rose TUOMBEANE : Les activités du projet seront mises en œuvre dans la ville de Butembo et dans certaines parties du territoire de Lubero et du territoire de Beni. Il y a par exemple des zones comme le village d’ISALE où les violences sexuelles font déjà partie du quotidien de la communauté, il faut une intervention là-bas. Nous allons aussi travailler avec d’autres organisations partenaires locales intervenant dans la lutte contre les violences sexuelles et celles basées sur le genre dans différents milieux pour une bonne coordination des actions.
Presse : Quel est le coût du projet ?
Rose TUOMBEANE : Le projet est de neuf mois et son coût est élevé à 19 500 dollars américains.
Cellule de Communication CFJ