Régine OKANDO : « Pour éviter que ça se répète, les manifestants qui m’avaient menacée devraient être arrêtés »
11 juillet 2021
La journaliste Régine Okando, victime de menaces physiques de la part des manifestants, prend une position face aux agressions contre les femmes journalistes qui se portent bien dans la partie Est de la RDC particulièrement le Nord-Kivu, où l’instabilité sécuritaire s’est installée depuis plusieurs années. Ayant expérimenté ce phénomène, cette professionnelle du micro et de la plume plaide pour des sanctions en l’endroit des auteurs des atteintes contre les femmes journalises car selon elle cela constitue une bonne approche de lutter contre ce phénomène. Particulièrement pour son cas, Régine Okango réclame que justice soit faite.
Régine Okango est une jeune femme journaliste prestant comme Rédactrice en chef de la Radio Canal Rafiki émettant depuis la ville de Beni, à l’Est de la RDC. Elle est aussi le point focal du Réseau des Journalistes d’Investigation autour des Agressions contre les Femmes Journalistes, REJIAFJ noyau de Beni. Elle a été victime de menaces de la part d’un groupe de jeunes qui manifestaient contre la persistance de l’insécurité dans la région.
« Je n’avais rien fait de mal mais du coup, j’ai été menacée verbalement, je ne sais toujours pas pourquoi. J‘avais peur comme je n’avais pas une idée sur où ils étaient prêts à aller. Je pense que c’est des gens à rechercher et à interpeller. Des gens ne peuvent pas se réveiller et commencer à troubler la quiétude de la paisible population. Si on ne les interpelle pas, ils penseront que c’est normal », lance la journaliste Régine.
C’est aussi ce que pense Jack Maliro Katson, assistant de direction au sein du Collectif des Femmes Journalistes et qui appuie la mise en œuvre du projet « Pour la protection des femmes journalistes en RDC ». Pour lui, le fait que des autorités ferment les yeux devant des menaces et agressions des journalistes est un facteur favorisant la continuité des atteintes.
« On voit souvent des manifestants abuser de leurs actions de protestation et commencer à s’apprendre aux personnes qui ne sont pas impliquées dans leurs affaires. Ils font des casses partout où ils passent mais ils ne sont jamais appréhendés afin que réparation soit faite », explique-t-il.
Cet activiste des droits de l’homme regrette que des atteintes en l’endroit des professionnels des médias, particulièrement lors des manifestations de protestation soient souvent ignorées par qui de droit.
« Je me rappelle que des manifestants s’en étaient pris à une radio à Beni parce que celle-ci avait diffusé une information relative à l’interdiction de leur action de protection. Cela est passé inaperçu alors que pour nous journalistes, la maison de la radio est un lieu sacré, exempté de toute attaque… », poursuit ce chercheur en communication.
C’est dans ce sens qu’en date du 11 juin 2021, le REJIAFJ a introduit une plainte contre inconnu auprès de l’Auditeur Militaire de Garnison détaché de Butembo.
« Nous avions eu un entretien riche avec la journaliste Régine dans le cadre de la consultation juridique. Nous avions encouragé la victime d’aller en justice parce que c’est son travail de remettre les justiciables dans leurs droits et punir les autres afin de les décourager à commettre d’autres actes du genre. Et exactement, nous sommes allés en justice », soutient Maître Nzanzu Kamuha, responsable de la Cellule Juridique du REJIAFJ.
Ce qui s’est réellement passé
Régine Okando a été victime des menaces physiques et verbales de la part des manifestants dans la rue à BeniLes faits remontent au mois d’avril 2021. Ilse sont attaqués à elle suite à sa tenue vestimentaire.
« Ces manifestants se sont appris à moi tout simplement parce que j’étais vêtue en pantalon, pourtant j’étais munie de ma carte de presse et mon enregistreur. Ce matin-là, jje revenais du conseil de rédaction afin de me rendre sur le terrain », raconte Régine.
Ces actes sont en eux-mêmes une infraction, à en croire Maître Nzanzu Kamuha.
« Ces actes sont qualifiables de menaces étant définies comme des paroles, gestes ou écrits dont on se sert pour manifester à quelqu’un sa colère, ressentiment pour lui faire craindre le mal qu’on lui prépare. Sur le plan légal, les éléments constitutifs sont les articles 159 et 160 du code pénal livre II. Sur le plan matériel, nous avons les paroles adressées à Régie lui faisant craindre le mal mais aussi le fait de l’avoir brutalisée. Et sur le plan moral, il y a cette intention de l’intimider », démontre Maitre Nzanzu.
La Cellule Juridique est une structure mise en place par le Collectif des Femmes Journalistes dans le cadre de l’exécution du projet : « Pour la protection des femmes journalistes en République Démocratique du Congo », avec l’appui financier de l’UNESCO. Sa mission consiste à appuyer les noyaux du REJIAFJ en vue d’analyser les alertes des REJIAFJ et proposer des actions juridiques à mener, faire des consultations juridiques ou des conseils juridiques auprès des victimes (femmes journalistes attaquées ou agressées). En plus, cette cellule accompagne les victimes (femmes journalistes attaquées ou agressées qui en expriment la volonté) devant les instances judiciaires. Cette plainte a reçu un accusé de réception et que donc le dossier est déjà en justice.
Cet article a été produit dans le cadre du projet « pour la protection des femmes journalistes en RD. Congo » du collectif des femmes journalistes, CFJ avec l’appui de l’UNESCO