Butembo : la peur persiste au sein du personnel de la Radio Pacifique depuis l’incursion des bandits

12 mars 2022 Par cfj 0

 

Depuis le 18 avril 2021, la peur s’est installée à la Radio Pacifique, un média émettant à Butembo, à l’Est de la RDC. Cette situation est consécutive à l’incursion, depuis cette période, d’un groupe de bandits, dans les enceintes de cette maison de presse. Des biens importants dont des matériels de la Radio, avaient été importés au cours de cette opération dont les séquelles restent gravées dans la mémoire du personnel de cette radio. Depuis lors, autant les hommes que les femmes journalistes de ce média travaillent la peur au ventre comme rien n’a été révélé jusqu’à ce jour sur les auteurs de cet acte ni sur leurs motivations à s’en prendre à la Radio.

Une semaine après cet incident, le Réseau des Journalistes d’Investigation autour des Agressions contre les Femmes Journalistes (REJIAFJ) avait publié un communiqué de presse. Dans cette publication, le REIAFJ avait dénoncé ce énième cas d’incursion des hommes  en armes dans les maisons de diffusion. Cette structure avait alerté sur l’attitude qui a souvent caractérisé des autorités dans des situations similaires à cette atteinte à la liberté de la presse.

« Le REJIAFJ dénonce le silence manifeste entretenu par les autorités locales au sujet de l’incursion d’hommes armées non autrement identifiés à la Radio Communautaire Pacifique en ville de Butembo en date du 18 avril 2021. Ladite incursion a réduit au silence cette radio durant près d’une semaine suite au vol de ses matériels. Cet incident est susceptible de mettre en situation d’insécurité les journalistes œuvrant dans ce média », avait écrit le REJIAFJ.

Comme si de rien n’était…

Plusieurs mois après, il s’est avéré qu’aucune enquête n’avait été amorcée afin de déterminer les auteurs de cet incident sécuritaire et leurs vrais objectifs En plus des conséquences matérielles, la psychologie des agents, hommes et femmes, avait été touchée. Bien que le signal a été rétabli, le climat de travail n’était plus le même qu’avant au sein de cette maison de presse.

« Nous avons repris l’émission. Mais franchement, nous avons encore la peur car jusque-là personne n’a aucune idée sur l’identité des cambrioleurs, encore moins leur intention. Nous nous demandons si ces bandits ne vont pas revenir pour commettre d’autres dégâts », s’inquiète Rehema Mukenza, Directrice de la radio pacifique.

Cette situation a évidemment impacté sur le climat du travail au sein de cette entreprise de presse. Mais dans le camp des autorités, il continue de se constater une sorte d’indifférence. Car rien de significatif n’a été fait dans le sens de renforcer la sécurité des installations ainsi que celle du personnel de Radio Pacifique.

« Tout ce que je sais, c’est que des agents de l’ordre s’étaient pointés ici, au lendemain de l’incident. C’était à 8 heures. Et ils ont simplement fait le constat, comme nous. Jusqu’aujourd’hui aucune action n’a été prise. Nous n’avons jamais été associés à une quelconque enquête. Les autorités font comme si de rien n’était, comme si ce n’était pas leur travail de sécuriser la population et ses biens.. », dénonce un journaliste de cette radio.

Un impact important

L’impact de cet incident n’est pas seulement psychologique. Il touche aussi les aspects de productivité de la radio. Certains journalistes ainsi que d’autres membres du personnel ont réduit les heures de prestation. Cela a évidemment des conséquences sur la qualité du travail.

«Désormais, je quitte le lieu de travail entre 14h et 15h alors que avant l’incident, je sortais même à 18h. Il y a des visiteurs qui arrivent après ces heures qui ne peuvent plus me trouver à mon poste d’attachement. Cela les énerve et c’est la politique managériale de l’entreprise qui en pâtit. Je n’y peux rien car je me sens plus en sécurité à la maison qu’ici à la radio », explique Amani Salama, réceptionniste.

Certains programmes radiophoniques jadis présentés par ses femmes aux heures vespérales ont tout simplement été suspendus.

« L’incident a sensiblement perturbé le climat de travail. C’est la sécurité des femmes journalistes et animatrices d’émissions qui est plus perceptibles.  Nous avons au total 11 agents dont 4 femmes parmi lesquelles dont une directrice, deux femmes journalistes et ne animatrice d’émission. Si toutes ces personnes ne sont plus régulières car craignant por leur sécurité, le programme de la radio est complètement touché. On n’est plus productifs  Il y a donc nécessité de sécuriser le personnel », plaide le président du conseil d’administration de la Radio Pacifique.

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