Territoire de Beni : Régine MWANZAMO, une incarnation vivante du courage et de la détermination dans le métier de journaliste

16 mars 2022 Par cfj 0

Régine MWANZAMO est cette femme journaliste qui a fait six jours de détention pour avoir diffusé une information. Grâce à son endurance, on peut comprendre que dans une zone secouée par des conflits armés depuis plusieurs années, on peut aussi trouver des femmes journalistes engagées et déterminées. Régine est actuellement journaliste à la Radiotélévision Graben Beni, RTGB, Sous-station de Kasindi, à l’Est de la RDC. Elle a un passé mi-sombre mi-luisant  dans son parcours professionnel. Mais le fait resté ancré dans sa mémoire, c’est le moment de six jours passés au cachot pour avoir diffusé une information.

Le parcours professionnel de Régine MWANZAMO est impressionnant, surtout quant à la voie par laquelle elle est entrée en journalisme. Aujourd’hui, Régine se convainc que le journalisme constitue sa vocation.

« Je le sentais dès le bas âge. C’est en 2006, j’ai commencé à intervenir dans l’émission « Génies de la ville » à la Radio Kivu One que gérait MAGLOIRE PALUKU dans la ville de  Goma. Trois ans après, je suis allée à la Radio La Colombe, dans la même ville, où j’animais une émission à caractère développemental », se souvient Régine.

En 2011, Régine MWANZAMO est venue dans son village pour une visite familiale.

« C’est là que j’ai commencé ma carrière journaliste comme stagiaire au sein de la Rwenzori Voice Radio, RVR MUTWANGA, en secteur de Rwenzori. La Radio était dirigée par mon doyen Richard Kirimba. J’ai commencé à apprendre pratiquement le journalisme… », raconte-t-elle.

C’est en janvier 2012, juste après l’installation de la RTGB Kasindi que Régine preste dans ce média émettant depuis le poste frontalier et douanier de Kasindi-Lubiriha.

« J’avais été affectée ici comme journaliste et depuis toutes ces années, j’y preste… », se félicite-t-elle.

Une épreuve pas facile à oublier

Les joies et succès ont marqué la carrière de Régine MWANZAMO depuis son entrée dans le métier. De la présentation des journaux aimés par la communauté auditrice au carnet d’adresses très riche en passant par des relations sociales solides et des avantages liés au métier, Régine se félicite pour son choix, surtout la chance d’avoir écouté sa voix intérieure qui lui montrait les chemins à suivre l’un après l’autre.

Il y aussi, à côté de ces aspects positifs, un arsenal de difficultés et goulots d’étranglement auxquels Damme Journaliste a fait face dans l’exercice de son métier.

« Dans une contrée comme la nôtre, les difficultés ne peuvent jamais manquer. Les difficultés sont énormes… Que des fois, nous, femmes journalistes, avons été victimes de marginalisation, harcelées, stigmatisées et victimes des préjugés sexistes et de genre… », dresse-t-elle.

Régine MWANZAMO avait été placée dans un cachot durant 6 jours en 2015. Elle ne pense pas un seul instant de sa vie être en mesure d’oublier cet épisode de sa vie.

« C’était à cause d’une information que j’avais diffusée…C’était en au sujet des tracts qui circulaient à Kasindi, à cette époque. Tout le monde connaît les conditions de détention dans ce pays où les droits humains sont la cadette des préoccupations des autorités…J’ai jamais souffert à la manière de ce que j’ai traversé dans cette prison », se souvient Régine.

Il y a un autre chapelet de difficultés auxqueles Régine a été confrontée. Difficile de les égrainer une à une car touchant à  la fois sa vie privée, sa vie professionnelle et communautaire.

« L’important en est que j’ai survécu aux différentes embûches. Je suis restée droite dans mes bottes. Mais je retiens tout de même que ma détention au cachot pendant 6 jours a été l’une de grandes épreuves de ma vie. Je crois que cette façon de traiter les femmes journalistes est plutôt décourageante. Je prie que cela n’arrive à personne d’autre dans notre métier car c’est pénible… », lance-t-elle.

Ce sage conseil

Régine conseille à ses consœurs journalistes d’être concentrées sur leurs ojectifs et de ne jamais baisser les bras devant les difficultées « car c’est des étapes de la vie ».

« Tout finit par passer… Par exemple, la sitation sécuritaire inquiétante de la région, on est obligé de faire avec. Ces difficultés ne devraient pas être la base de notre découragement, ni une occasion de penser à abandonner le métier. Seuls le courage et la détermination peuvent nous amener à l’endurance…», sensibilise-t-elle.

Les difficultés que traversent les femmes journalistes sont à la base du faible taux de représentativité des femmes dans les médias, particulièrement dans la région de Beni caractérisée par une guerre et des problèmes indescriptibles.

Edwige RUHANGA


Cet article a été produit dans le cadre du projet « pour la protection des femmes journalistes en RD. Congo » du collectif des femmes Journalistes, CFJ avec l’appui de l’UNESCO. 

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