GOMA : une année après, aucune suite dans le dossier de blessure par balle de la journaliste Nanou Kazaku

6 mars 2022 Par cfj 0

GOMA : une année après, aucune suite dans le dossier de blessure par balle de la journaliste Nanou Kazaku

Le 17 février 2022, une année s’est achevée depuis que la journaliste Nanou Kazaku de la Radio UB-FM, émettant à Goma dans l’Est de la RDC avait été touchée par balle lorsqu’elle couvrait une manifestation. Ce jour-là, des membres de la communauté protestaient contre une opération d’évacuation forcée de résidents d’un terrain occupé illégalement à Ndosho, un quartier situé à l’ouest de la ville. Après des soins appropriés, cette journaliste a survécu et continue de travailler aujourd’hui. Cependant, une année après, il n’y a aucun écho sur une quelconque procédure introduite en justice pour identifier les auteurs de ce crime afin qu’ils répondent de leurs actes. Pourtant, des organisations de protection des journalistes avaient demandé des enquêtes sérieuses aussitôt que les faits se sont déroulés.

Le même 17 février 2021, le jour où l’incident s’est produit, Reporters sans frontières (RSF) a été la première organisation à demander une enquête sérieuse et approfondie pour identifier et traduire en justice l’auteur du tir ayant touché la journaliste Nanou Kazaku. Le même jour, l’Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA), organisation indépendante de défense et de promotion de la liberté de presse, avait exigé une enquête à la suite de cet incident tout en appelant les autorités à sanctionner les auteurs conformément à la loi.

 

Lire cet article : https://actualite.cd/2021/02/17/goma-une-journaliste-blessee-par-balle-en-plein-reportage-au-quartier-kyeshero)

Une année après et rien n’est fait

Nous avons cherché à savoir ce qu’avait entrepris l’organisation « Journalistes en danger » « JED » à Goma, concernant ce dossier. Mais il s’est avéré que pas grand chose n’avait été fait. Le responsable de JED à Goma explique cela par le manque de volonté de la part de la victime…

« Dans tous les cas d’agression contre les journalistes, nous les accompagnons sans aucun problème, pourvu que la victime nous l’admette… », réagit Tuver WUNDI

La situation est pareille dans le camp des organisations féminines locales.Pas une seule action d’appui financier n’a été menée par une association des droits des femmes, à en croire les données à la possession du Réseau des Journalistes d’Investigation autour des Agressions contre les Femmes Journalistes (REJIAF). Toutefois, l’Union Nationale de la Presse du Congo, UNPC, des journalistes proches de la victime ainsi que quelques personnes des bonnes volontés avaient le courage de lui apporter une assistance financière ainsi que des messages de compassion.

Dans le camp des autorités, seules des excuses, encore qu’il faut que ce soit sincère, ont été présentées à la victime par le Commandant de la police dans la ville de Goma, le Colonel Job Alisa. Il avait promis s’impliquer personnellement dans le dossier afin que des enquêtes soient amorcées. Mais une année après, aucun écho de cette enquête promise n‘a été entendu.

Le bouc émissaire                  

Plusieurs sources affirment que la victime n’a pas marché avec l’approche consistant à introduire une action en justice. Mais la victime soutient qu’elle n’a jamais demandé à la justice de ne pas mener des enquêtes, dès lors que constitutionnellement, tout citoyen a droit à la protection. Elle ne reconnaît pas avoir empêché une organisation de mener ses actions en sa faveur.

« Personnellement, je n’étais pas très motivée à aller en justice, connaissant ce qu’elle est. Ensuite, c’était pour ma sécurité et celle de ma famille… Pour dire vrai, depuis le jour de l’incident, le 17 février 2021, jusqu’en début 2022, je n’ai jamais eu d’écho d’un rapport d’enquête de la part de la police. Le numéro un de la police m’avait lui-même donné sa parole promettant qu’il ferait tout pour diligenter des enquêtes, mais je suis désolé qu’une année après, rien n’a été fait », se résigne Nanou Kazaku.

Certaines personnes reprochent à la journaliste de n’avoir pas saisi officiellement l’appareil judiciaire de Goma pour s’assurer que les parties prenantes étaient informées. Mais elle rétorque qu’elle a été blaisée en présence des agents de l’ordre, sans doute parmi eux, des officiers de police judiciaire.

 

Lire aussi : https://www.radiomoto.net/2022/01/14/goma-cette-determination-de-la-journaliste-kazaku-nanou-qui-essuyait-une-balle-en-plein-reportage/

Pour rappel, le Parquet joue un rôle considérable dans la justice pénale, il dirige les enquêtes. Aussi, le procureur de la République est notamment chargé de poursuivre les infractions pénales. Il a le pouvoir de classer les plaintes qui lui sont adressées.

Ce cas n’est pas le premier à se produire et à passer inaperçu aux yeux des autorités. Plusieurs cas similaires se sont produits, ne concernant pas seulement les femmes mais aussi des hommes journalistes.

C’est dans cette logique qu‘en juin 2021, le réseau des médias pour le développement, REMED, avait organisé un atelier ayant réuni une dizaine de journalistes de Goma pour finaliser le plan de sécurisation de leur métier dans les perspectives de réduire l’impunité des crimes contre les professionnels des médias en province. Ce plan repose sur la stratégie de sécurité et la règle de sécurité. La stratégie de sécurité comprend l’acceptation, la protection et la dissuasion.

Entre 2020 et 2021,  au Nord-Kivu et en Ituri, plus de 25 journalistes avaient été victimes de différentes formes de violences en plein exercice de leur métier.

Huguette MPIPO


Cet article a été produit dans le cadre du projet « pour la protection des femmes journalistes en RD. Congo » du collectif des femmes journalistes en collaboration avec le REJIAF avec l’appui financier de l’UNESCO 

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