Butembo : Les bourreaux de la journaliste Alicia Kapisa jamais retrouvés, ni condamnés

1 février 2022 Par cfj 0

Difficile d’en savoir plus sur les bourreaux de la journaliste Alicia Kapisa de la Radio Communautaire Salama de Buutembo, à l’Est de la RDC, plusieurs mois après son agression. Le 20 octobre 2021, le Réseau des Journalistes d’Investigation autour des Agressions contre les Femmes Journalistes (REJIAFJ), par le truchement de son conseiller juridique, avait introduit une plainte contre inconnu au niveau de l’Auditorat Militaire détaché de Butembo. Cette structure demandait à la justice de retrouver les membres de la gang qui avaient agressé et blessé gravement la journaliste alors qu’elle revenait de son lieu de service. Mais les choses semblent stagner.

Ce dossier fait suite à l’agression, par des personnes non identifiées, de la journaliste Alicia Kapisa, de la Radio Communautaire Salama émettant depuis la ville de Butembo.

« Il est de notre devoir…disons même que c’est notre mission d’accompagner les femmes journalistes victimes des atteintes à leur sécurité physique, psychologique,…C’est dans ce sens que nous avons décidé d’aller en justice. Il faut que des actes pareils cessent. On ne cessera jamais de le dire, si on ne punit pas les auteurs, les cas seront toujours là », explique Jérémie Kyaswekera, Coordonnateur du REJIAFJ.

Le dossier a été présenté en justice le 20 octobre. Mais plusieurs difficultés et goulots d’étranglement se sont invités dans l’affaire si bien qu’aucune avancée n’a été enregistrée, plusieurs mois après.

« La justice est en panne, surtout avec les effet que l’instauration de l’état de siège a produits sur le plan des institutions et de la justice. Les dossiers sont restés au niveau stationnaire, mais aussi d’autres problèmes liés aux ressources humaines dans l’appareil judiciaire en cette période de l’état de siège comme plusieurs attributions des juridictions civiles ont été transférées aux juridictions militaires », affirme Maître Nzanzu Kamuha, responsable de la Cellule Juridique du REJIAFJ.

La victime est impatiente de voir le dossier évoluer afin que ceux qui l’ont agressée soient vite retrouvés et punis.

« C’est le souhait de tout justiciable de voir ses bourreaux être mis aux arrêts. Pour moi personnellement, j’aimerais connaître qui m’a agressée jusqu’à m’envoyer à l’hôpital où j’ai souffert avec des douleurs insupportables. Surtout, s’ils sont retrouvés, il faut qu’ils paient pour leurs actes et cela constituera un pas important dans la lutte contre les agressions des journalistes », dit-elle à cœur ouvert.

Ce qui s’est passé

La journaliste Alicia Kapisa a été grièvement tabassée  jusqu’à être  blessée par des inconnus. Les événements se déroulent la soirée du 12 octobre 2021 aux environs vers 19 heures au niveau de Vubange/Ngule, non loin de l’église adventiste du milieu. Les auteurs de cette agression étaient habillés en uniformes similaires à ceux des militaires.

« Ils m’ont emmenée avec eux avant de me retrouver à Kyambogho, à quelques kilomètres du lieu de l’incident. J’ai été relâchée après  une heure, puis j’ai été conduite au centre de santé de Mahamba pour  des soins appropriés », raconte la victime.

Cet événement s’est déroulé au moment où la journaliste revenait de son lieu de travail, à savoir la Radio Communautaire Salama. Maitre Nzanzu Kamuha précise que cet acte constitue une infraction.

« Ces actes sont qualifiables de coups et blessures volontaires entendez par  là un choc, un heurt produit contre le corps d’une personne. L’élément constitutif consiste, sur le plan légal, dans les articles 43, 46 et 47  du code pénal congolais livre II. Sur le plan matériel, ce sont les coups administrés à  la victime ainsi que la contrainte pour obtenir un bien appartenant à autrui alors que sur le plan moral, il y a lieu de noter la volonté d’administrer les coups à autrui », explique-t-il

La Cellule Juridique est une structure mise en place par  le Collectif des Femmes Journalistes dans le cadre de l’exécution du projet : « Pour la protection des femmes journalistes en République Démocratique du Congo », avec l’appui financier de l’UNESCO. Sa mission consiste à appuyer la cellule juridique du CFJ en vue d’analyser les alertes des REJIAFJ et proposer des actions juridiques à mener, faire des consultations juridiques ou des conseils juridiques auprès des victimes (femmes journalistes attaquées ou agressées). En plus, cette cellule accompagne les victimes (femmes journalistes attaquées ou agressées qui  en expriment la volonté) devant les instances judiciaires. Cette plainte a reçu un accusé de réception et que donc le dossier est déjà en justice.

REJIAFJ

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